Le temps des grillons
L'éveil
Lorsqu'il repris conscience, son corps lui sembla plus léger. Plus léger que quoi ? Plus léger que ce qu'il n'était avant que ...
Avant que...
Il ne savait plus depuis quand il ne s'était senti aussi léger. En fait, il ne s'était jamais senti aussi
léger que lorsqu'il revint à lui...
Réalisant cela, il compris qu' il ne savait plus qui il avait été.
Etait-il sûr d'avoir déjà existé ? Etait-il sûr d'exister ? D'exister réellement ? D'être là, ici présent,
au moins aussi présent qu'il ne l'était hier ?
Mais était-ce hier ? Et comment était-il possible qu'il ne se souvienne de rien ?
Cette avalanche de questions formèrent un torrent devant lequel sa mémoire faisait barrage.
Son esprit voulu s'arracher à ce dédale silencieux qu'était devenu son corps mais ce
dernier ne voulait plus céder aux caprices de sa volonté.
Impotent, il ne put esquiver la nouvelle vague qui l'assaillit. Depuis combien de temps était-il ici ? Venait-il de naître ? Venait-il de
mourir?
L'oeil perdu dans le vide, son esprit vaquait, incapable de se prononcer sur lui-même, comme un mot écrit sans lettres, ou plutôt comme...
Un bruit dans la nuit
Il adorait regarder le plancher de son plafond avant de s'endormir. C'était une habitude qu'il avait contracté petit enfant alors que dans son
berceau il fixait le papier peint de la chambre de sa grand mère.
Inconsciemment, il pratiquait une forme d'auto hypnose qui provoquait chez lui la sensation de voyager sur place. En distinguant des formes dans
l'imbroglio de couleurs, apparaissaient des dimensions secrètes que son oeil appris rapidement à faire surgir.
Les pierres du mur devenaient des visages durs d'indiens le dévisageant, les noeuds du bois glissaient comme de longs serpents. L'inanimé devenait
vivant. Et le vivant lui semblait habité par une force étrangère, et familière à la fois.
Un soir, alors qu'il était sur le point de s'endormir, il eut une étrange sensation. L'idée s'insinua insidieusement à la façon d'un poison qu'on
inocule. Peu à peu l'envahissement fut total. Son corps tout entier était tendu vers un bruit.
Le bruit d'une goutte d'eau qui tombe. Une goutte d'eau qui tombe alors qu'il ne pleut pas.
Etait-ce le signe qu'il attendait ? Etait-ce le signe d'une invisible présence ?
En son fort intérieur, dans la tour d'argile de son corps recroquevillé sous ses draps, il formula un message à l'intention du signe. Il demanda au
signifiant flottant de "goutter" deux fois de suite pour confirmer sa présence.
Au fonde de lui, le bizarre de cette démarche l'interpellait mais pas au point de l'en empêcher. Car, il fallait être curieusement fou pour
s'adresser au signe d'une présence invisible. Il se dit qu'il devait être fou.
Et puis après tout, qu'était-ce que la folie ? Un état glissant entre réel et imaginaire, un monde dans lequel toutes les logiques avaient prises
pourvu qu'elles se conforment aux exigences d'une raison impérieusement folle ? Dans ce cas, le monde n'était-il pas fou ? Et le cas échéant, n'était-il pas fou de penser être raisonnable dans un
monde de fou ? N'était il pas libre de choisir son être au monde ?
Ploc ... Ploc...
Le signe n'attendit pas les réponses aux questions hautement philosophiques qu'il se posait. Il venait de parler, sans sourciller,
imposant le plus grand silence, celui de la pensée.
Son corps voulut prendre la parole. En frissonnant d'abord, puis en tremblant lassaint poindre spasmes et sueurs froides. Mais aussi soudainenement
que ce sentiment de terreur était apparu, il disparu dans le vacarme incessant d'une musique tambourinée provenant de nulle part.
Le rythme était exécuté à une cadence incroyablement rapide, avec une constance et une précision trop parfaite pour être humaine, songea-t-il. Cet
appel amical à entrer en guerre avec ses sensations le plongea dans un état comateux dans lequel il déposa les armes pour s'endormir.
Entrance
Sois le bienvenue dans le chaos, toi qui a brisé le miroir et abandonné l' espérance de te revoir.
Regardes autour de toi et vois. Puisque le jour embrasse la nuit, dis moi où est passé la lumière froide de l'astre sans vie.
Toi qui a plongé dans le gouffre sans fond, la bouche du dieu est-elle si terrible qu'on le dit ? Reviendras tu du monde souterrain ? Que pensais-tu
trouver en t'y jetant l'air de rien ?
On dit que tu voulais mourrir, retourner dans le ventre chaud, mais on ne quitte pas sa mère en la pénétrant. De même qu'on ne tue son père en se
sacrifiant.
Sois le bienvenue dans mon antre, toi qui a cru mourir en plongeant dans l'oeil. As-tu réussi à fuir les millers de démons qui te dévoraient ou
sont-ils toujours dans ton corps prisonniers ?
On dit que tu as souffert le martyr tout au long de ta vie, que tu étais un clown, un poète maudit.
Tu as fuis dans le monde chtonien, vierge de tout affre. Tu as oublié ton destin, comme le serpent sa mue. Tu t'es changé en dieux invisible et
nu.
Sois le bienvenue sous terre, toi voulait saisir le mystère du monde. Sondeur d'abyme défroqué, ta vieille âme d'enfant est la clef de la porte vers
les cieux infernaux.
Que ta prière soit exhaucée ! Ton coeur gisant s'ouvrira, comme on écrit un
livre.
Pitékandela !
Pitékandéla !
Pitékandéla !
El susto
C'est Juan qui le mis sur la piste un jour qu'il les avaient reçu chez lui dans sa clinique, près de la "couleuvre verte". Juan avait entamé la
discussion sur les esprits, la possession, et toutes ces choses étranges qu'il lui arrivait de rencontrer en tant que guérisseur.
Ce jour là, il compris que ce qui lui arrivait sortait de l'ordinaire, que tout cela était étrange. Etrange comme quelque chose que l'on découvre
mais que l'on connaît déjà, une sorte de réminiscence au sens que Platon a donné ce mot.
Quelle était la nature de cette connaissance qu'il redécouvrait ? Voilà une question à laquelle il ne pouvait répondre. Tout se résumait à des
impressions. Des sentiments fugaces et éphèmères qui ne manquait pas de le désorienter.
Seulement là, c'était différent. Pour la première fois quelqu'un mit un mot sur ce qu'il vivait. Ce quelqu'un n'était pas n'importe qui, ne vivait
pas n'importe où et ne disait pas n'importe quoi.
C'était un chaman maya, un men, plutôt matérialiste comme il le reconnaissait lui-même puisqu'il soignait surtout avec les plantes mais... mais pas
seulement.
Ce jour là, sans qu'il ne lui demanda rien, Juan parla d'un phénomène qu'il avait ressenti trés vivement depuis son arrivée chez les mayas. Un
phénomène qui se passait chaque nuit au moment de s'endormir.
Au fond de son hamac, bercé dans la tièdeur des nuit tropicales, tandis que son âme était sur le point de vagabonder loin de son corps, quelque
chose le saisissait brutalement. Sans violence mais avec force. Il se sentait comme arraché par une puissance invisible qui l'aurait fait tomber vers le haut.
Avant que Juan n'en parle, il pensait que c'était ses rêves ou alors le fait de dormir dans un hamac, ce qui était nouveaau pour lui. Mais ce jour
là, il compris que puisque Juan en parlait sans qu'il n'ait rien demander à ce sujet, il comprit que c'était plus qu'un "trouble neurologique" ou quelque chose de ce genre.
Pour Juan, il n' y avait pas l'ombre d'un doute, c'était le susto, le signe que l'on est possédé.
Break on through to the other side
En passant devant le miroir, il découvrit l'inconnu qu'il était devenu pour lui-même. Il tenta de rassembler les fragments brisés de sa mémoire. En
vain.
Tout ce qu'il était capable de percevoir, c'était un étranger. Un étrange étranger, car même son visage lui semblait nouveau.
Comment cela été-t-il possible ? Qu'est-ce qui avait pu provoquer cette amnèsie ? Etait-elle apparue soudainement, ou progressivement à la suite
d'une maladie ?
Le visage qui le contemplait était celui d'un homme encore jeune, d'environ une trentaine d'année. De longs cheveux bouclés, une barbe épaisse, et
un regard trés curieux. Ses yeux, bien que cernés de fatigue, brillaient de l'éclat noir de la mydriase.
Ses pupilles dilattées lui donnaient un air à la fois profond et enfantin. Cette nouvelle étrangeté l'amusa. Il découvrit alors le reflet de son
sourrire pour la première fois.
Puis son regard, toujours rivé sur le reflet, glissa du visage au décor. Il échoua sur l'armoir ouverte derrière lui. Elle n'était pas remplie de
vêtements mais de livres.
Pris dans le piège de la réflexion, il resta un bon moment à contempler l'image sans focaliser son attention sur aucun détail. Il voulait rester
dans ce flou bigarré, bazar amical et accueillant, patchwork de sensations renfermant des bribes d'histoires encore secrètes, peut-être des morceaux de son passé oublié.
Alors qu'il venait d'oublier de se souvenir, la poignée de la porte se baissa, et une lumière envahit la chambre dans un long grincement qui
semblait vouloir dire...
Suis moi
-Tu connais des histoires de cavernes ?
Don Cornélio souleva sa vieille casquette de baseball, celle qu'il mettait pour aller dans la milpa, et se gratta la tête, avant de faire une moue
et de répondre "non"en remuant la tête.
Puis il regarda ses pieds, se frotta le menton de la main droite, et repris :
- " Si, je me souviens d'une histoire que me racontait mon père. Il y avait un campesino qui travaillait dans sa milpa et qui n'était pas content
parce qu'il ne pleuvait pas. Mais sa milpa n'était pas une vraie milpa. En fait, c'était un kaan che."
- " Un serpent de bois ?"
- "Non, une structure en bois un peu comme celle la".
Il fit un geste du doigt pour montrer une sorte de petit jardin hors sol, où il faisait pousser des herbes aromatiques et quelques fleurs,
construite à l'aide de bouts de bois et de ficelles. La structure avait un côté rustique mais le bois était ingénieusement disposé, de manière à ce que la terre ne tombe pas entre les
morceaux.
- " Un jour, il s'est rendu devant son jardin. Et comme la pluie n'était toujours pas tombée, il se prit de colère et pris à partie les dieux. Il
hurla des insultes, puis désespéré, rentra chez lui. Le lendemain, il retourna voir ses plantations. Rien n'avait changé mais il eut la surprise de découvrir un homme, coiffé d'un chapeau
de paille, à la peaux blanche, aux cheveux blancs, et habillé tout en blanc. Le paysan lui demanda ce qu'il faisait ici, qu'il n'était pas chez lui et qu'il devait partir. L'homme au chapeau
releva la tête et lui dit tu veux bien qu'il pleuve n'est-ce pas ? Stupéfait le campesino acquiessa.
"Suis-moi" lui lança l'homme mystérieux. Aussitôt dit, il partit d'un pas rapide et léger, on eut dit qu'il ne faisait qu'effleurer le sol comme
s'il volait. Le campesino lui enfila le pas tant bien que mal. Au bout d'un moment, ils entrèrent dans une grotte.
Le campesino avait l'impression d'avoir marcher une éternité lorsqu' il se rendit compte qu'il n'était plus dans une grotte mais dans un village où
l'attendaient des hommes qui mangeaient tout un tas de bonne choses que notre paysan n'avait plus eu l'occasion de goûter depuis bien longtemps.
Les villageois dans leur grande bonté le convièrent généreusement à partager leur repas. Après qu'il eut goûté à ces mets délicieux ainsi qu'à la
plus douce des eaux, l'un des villageois demanda au paysan ce qui l'amenait ici.
Celui-ci expliqua qu'il n'avait pas plus depuis si longtemps que ses plantations étaient misérables et que lui et sa famille souffrait atrocement de
la faim.
Sur ces mots, l'homme en blanc amena un "tsimin".
- Un cheval ?
- Puede ser, quièn sabe. Il lui présenta le "cheval" et lui donna une calebasse emplie d'eau douce. Puis il lui dit " chevauche ce tsimin, prends la
calebasse, parcours les cieux, et quand tu trouveras tes plantations, arrose les à l'aide de la gourde.
Le paysan partit aussitôt à travers les airs sur cette étrange monture qu'il avait bien du mal à tenir. Lorsque enfin il fût au dessus
de sa milpa, il versa la gourde sur ses plantations. Mais les "ventcêtres" soufflaient, tantôt à gauche, tantôt à droite. Si bien que le paysan versa l'intégralité de sa gourde sans arroser sa
milpa. Déçu, il s'en retourna aux villages mystérieux, afin de demander aux villageois une autre gourde mais à son arrivée, ceux-ci s’esclaffèrent, ils se moquèrent de lui : « alors tu vois que notre
travail, celui des dieux, n’est pas si facile ! La prochaine fois tâche de nous remercier comme il se doit au lieu de nous insulter et de ne nous déshonorer à ne pas croire en
nous. »
Don Cornelio, me regarda, souriant, il hocha la tête de gauche à droite, et
reprit.
"- Ce qu'a fait cet homme, ce n'est pas bien. Il ne faut jamais insulter les
dieux." Il ponctua cette sentence par un mouvement de tête, de haut bas, en écarquillant les yeux.
Emu par cette histoire, je saluais mon hôte, lui souhaitant la buena noche, et
les rêves qui portent conseil.
Les volets
On a coutume de croire que ce que l'on voit. Nos sens ne nous trompent pas, comme disait le philosophe allemand Emanuel Kant, non pas parce que
leurs jugements sont toujours exacts, mais parce qu'ils ne jugent pas du tout. Vous est-il déjà arrivé de voir une chose qui n'était pas là ?
Moi, ça m'arrive absolument tous les jours. C'est trés curieux voyez-vous, cela m'arrive presque tout le temps mais lorsque cela se produit, il me
suffit de vérifier que ce que j'ai cru voir est ou n'est pas là, et puis ça passe.J'oublie cette chose que j'ai cru voir. Par exemple, l'autre jour, je me suis rendu dans mon atelier. Autrefois,
c'était une étable. Il y a encore le mangeoir des bêtes.
C'est un véritable bazarre. C'est simple, il y en a partout. Des vieilles jarres, des sabots, des fils, des câbles, et puis des boîtes, des vieilles
boîtes de médicaments, de "yabon banania", et même, dans certaines boîtes il y a encore des boîtes... Les anciens propriétaires les ont entassées là, emboitées les unes dans les autres, je me
demande bien pourquoi ils conservaient tout ainsi.
Avant d'acheter cette maison, mon voisin a récupéré deux vieilles photos que les héritiers lui ont aimablement offert. Il a fait cela de peur qu'ils
ne les brûlent. C'est vrai qu'ils ont brûlé beaucoup de choses avant de vendre cette maison. Alors quand nous nous sommes installés, mon voisin est venu me voir. Il m'a dit "jai un cadeau pour
toi". J'adore les surprises. Il m'a tendu ces deux vieilles photos. Sur l'une d'elle, on peut voir une vieille femme en sabots qui sourie, juste devant l'étable, on peut voir derrière elle la
vieille échelle en chêne qui est toujours là, dans ma grange. A ses pieds, il y a le chien de la maison. Un beau petit chien, sûrement un bâtard, j'ai l'impression de le connaître. Dans mon
enfance, dans le village d'à côté, il y avait un chien comme celui-là. Il était toujours couvert de tiques et de puces car il passait son temps à chasser. Lorsqu'il ne dormait pas biensûr.
La petite dame sur la photo, on dirait qu'elle nous dit quelque chose. Un truc comme "Salut les jeunes". Elle hausse les épaules et se marre. Elle
est vieille. Je ne sais pas qu'elle âge elle a, mais elle aussi j'ai l'impression de la connaître.
Un ancien du village m'a dit qu'on l'appelait la taupe. C'est vrai qu'elle un peu les yeux de taupe. ils sont ouverts en deux petites fentes. Elle a
les yeux qui rigolent on dirait. Elle est là, appuyée sur sa canne. Et je suis sûr qu'elle est contente que ce soit nous qui habitions là.
Je ne crois pas aux fantômes mais... l'autre jour, et chaque fois que je suis dans mon atelier, je sens sa présence. Des fois, je la vois. Comme un
éclair. Je suis en train de chercher quelque chose dans tout ce bazar, comme d'habitude je ne trouve pas, et là, à côté de moi, il y a quelqu'un qui me regarde faire et qui semble dire "regarde
cette boîte !". Alors je tourne la tête, mais il n' y a que moi.
Aujourd'hui, par exemple, alors que je vous raconte cette histoire, mes deux volets se sont refermés l'un après l'autre. Pas complètement, juste
assez pour laisser passer un filet de lumière, comme si quelqu'un les avaient poussés volontairement. Comme si la taupe n'avait pas besoin de trop de lumière pour voir. Vous voyez ce que je veux
dire ?
Moi, j'ai les larmes au bord des yeux. Je suis heureux, plein de quelque chose d'invisible, d'indicible, d'imperceptible, il ne m'est rien arrivé de
spécial et pourtant je me sents plein.
J'avais égaré cette photo, mais je suis tomber dessus en cherchant un livre sur de vieux mythes grecs. Je l'avais glissé à la page de l'histoire de
Dédale, l'architecte du labyrinthe.
Les deux bouches
Il entra dans la grotte par un trou qui dessinait une ouverture dans le sol. Ses trois compagnons lui filèrent le pas. Ils firent une halte dans ce qui n'était
qu'une première cavité, une sorte de rez de chaussée avant un autre trou qui lui donnait sur une vaste salle, environ trois mètres en contre bas.
Plus bas, on y voyait rien. Un vieux tronc d'arbre lisse était posé en guise d'échelle, en équilibre précaire, pour descendre vers cette salle obscure. Il alluma sa
lampe frontale, et vérifia que son appareil photo était convenablement rangé dans son étui à bandoulière. Lorsqu'il s'apprêta à glisser le long du tronc. Il aperçut une de ces étranges araignées
qu'il avait déjà rencontré dans ses toilettes.
Elles avaient deux particularités. Elles étaient dotées de deux grandes pattes avant, ce qui leur conféraient une sensibilité hors du commun et une trés grande
vitesse de réaction. Jusque là il n'était parvenu à en écraser aucune. Leur seconde particularité étaient de provoquer de violentes douleurs en cas de piqûre.
Cette vision eut un effet refroidissant sur sa volonté d'excursion. La paroie rocheuse étant particulièrement humide et glissante, il fallait introduire ses mains
dans des cavités pour se glisser de la manière la plus sûre. Il hésita à aller plus loin. Alors deux de ses compagnons passèrent devant lui pour lui montrer la voie à suivre. Tienes miedo Bénito
?
Oui, il avait peur.Il n'était pas terrorisé, mais le tronc qui était posé là ne lui semblait pas être le moyen le plus sûr pour glisser jusqu'au sol. Au sol, on
pouvait distinguer de gros blocs de pierres. Il était donc impossible de sauter. Au moment de descendre à son tour, il aperçut une vieille échelle, placé juste à côté du tronc. Il voulut y mettre
un pied, mais le barreau céda sous son poids. Il se rattrapa de justesse au vieux tronc, repris son souffle. Ces deux autres guides qui l'attendaient plus bas lui indiquèrent où poser les pieds.
Don Giovanni n'eut aucun problème pour descendre.
Une fois ces quatres curieux réunis leur premier geste fût d'observer la salle. Elle était plus grande que ce qui semblait au premier abord. La lumière qui venait
d'en haut permettait de voir assez convenablement l'ensemble de la pièce. Au sol, il remarqua que des fils de hamacs tendus partaient tous dans la même direction, et témoignaient du fait
qu'ils n'étaient pas le premiers à s'aventurer ici. Ce détail lui rappela quelque chose, mais il ne savait pas encore quoi exactement.
Au plafond, on pouvait voir d'énormes stalactites, dont certaines avaient été taillées. Un tunnel obscur partait sur la gauche. Un autre, tout aussi obscur partait
sur la droite. Les fils suivaient cette direction.