Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 02:23

Par la Terre

Le corps nu, j'avance. Dans la nuit, j'avance. Sans faire un pas, je grignote mon chemin. La terre devant, derrière, partout, m'enserre. Alors, je mange la terre. Aveugle, ma bouche est mon anus. Mon anus est ma bouche. Ondulante est la voie. Les grains de pierres, ma nourriture. Ma nourriture, ma voie.

Où vas tu ?

La nourriture est ma direction. Le ventre du sol est ma direction. Mon ventre mange la voie. La voie m'enserre. Je mange la voie. La voie me mange. Ainsi, j'avance. En reculant, j'avance. En avançant, je recule. Ma peau glisse sur la voie. Ma peau s'enfonce. Ma peau se tortille. Mon corps se tortille. Mon corps est ma peau. Ma peau est ma voie.

Qui es tu ?

Je suis celui qui mange la terre. La terre me mange. Je respire la terre. La terre me respire. Je chie la terre. La terre me chie. Je suis la terre. La terre est en mon corps. La terre est autour de mon corps. Je chante le mangement. Le mangement me chante. J'avance en mangeant. Le chant est ma voie. Je suis le chant de la terre qui mange la terre en chantant.

D'où viens-tu ?

Je viens de la terre. Je viens de la voie. Je viens du mangement. Je viens du chant. Je viens de la merde. Je viens du souffle de la terre. Je viens de là où je vais. Je viens de ce que je mange. Je mange ce que je deviens.

Tout résonne en mon corps. Les grignotements, les grattements, les reniflements, les éboulements, les écoulements. Quand le sol tremble, je tremble. Quand il pleut…

Quand il pleut, un roulement de tambour terrible m'appelle. Plus son rythme s'accélère, plus mon corps se tortille. Plus mon corps se tortille, plus je mange. Plus je mange, plus j'avance. J'avance, j'avance, j'avance. A reculons, je quitte la terre. Je quitte la voie. Plus rien ne m'enserre. Mon corps nu est enfin libre.

Dehors, les gouttes s'abattent sur ma peau. Je dois retourner dans mon corps. Retourner au souffle. Retourner à la terre. Aveugle, je gesticule en tous sens. Quand enfin je retourne à moi, où je vais, d'où je viens. L'eau me suit, elle suit ma trace et s'engouffre dans mon sillon.

Je dois sortir de cette boue qui m'étouffe, que je ne peux avaler et qui me piège. Alors je m'extirpe une fois de plus, mais cette fois ci, ma voie, la voie que je ne suis plus, se referme sur moi, et mon corps qui ne sait que manger, finit là, dans cette misérable flaque où je beigne, puis me noie.

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 16:24

Le temps des grillons

 

 


 

      L'éveil 


 


 

 

Lorsqu'il repris conscience, son corps lui sembla plus léger. Plus léger que quoi ? Plus léger que ce qu'il n'était avant que ...

Avant que...

Il ne savait plus depuis quand il ne s'était senti aussi léger. En fait, il ne s'était jamais senti aussi léger que lorsqu'il revint à lui...

Réalisant cela, il compris qu' il ne savait plus qui il avait été.

 

Etait-il sûr d'avoir déjà existé ? Etait-il sûr d'exister ? D'exister réellement ? D'être , ici présent, au moins aussi présent qu'il ne l'était hier ? 

 

Mais était-ce hier ? Et comment était-il possible qu'il ne se souvienne de rien ?

Cette avalanche de questions formèrent un torrent devant lequel sa mémoire faisait barrage.

Son esprit voulu s'arracher à ce dédale silencieux qu'était devenu son corps mais ce dernier ne voulait plus céder aux caprices de sa volonté.

 

Impotent, il ne put esquiver la nouvelle vague qui l'assaillit. Depuis combien de temps était-il ici ? Venait-il de naître ? Venait-il de mourir?

 

L'oeil perdu dans le vide, son esprit vaquait, incapable de se prononcer sur lui-même, comme un mot écrit sans lettres, ou plutôt comme...

 

 


 Un bruit dans la nuit

 


 

Il adorait regarder le plancher de son plafond avant de s'endormir. C'était une habitude qu'il avait contracté petit enfant alors que dans son berceau il fixait le papier peint de la chambre de sa grand mère.

Inconsciemment, il pratiquait une forme d'auto hypnose qui provoquait chez lui la sensation de voyager sur place. En distinguant des formes dans l'imbroglio de couleurs, apparaissaient des dimensions secrètes que son oeil appris rapidement à faire surgir.

Les pierres du mur devenaient des visages durs d'indiens le dévisageant, les noeuds du bois glissaient comme de longs serpents. L'inanimé devenait vivant. Et le vivant lui semblait habité par une force étrangère, et familière à la fois.

Un soir, alors qu'il était sur le point de s'endormir, il eut une étrange sensation. L'idée s'insinua insidieusement à la façon d'un poison qu'on inocule. Peu à peu l'envahissement fut total. Son corps tout entier était tendu vers un bruit.

Le bruit d'une goutte d'eau qui tombe. Une goutte d'eau qui tombe alors qu'il ne pleut pas. 


Etait-ce le signe qu'il attendait ? Etait-ce le signe d'une invisible présence ?

 

En son fort intérieur, dans la tour d'argile de son corps recroquevillé sous ses draps, il formula un message à l'intention du signe. Il demanda au signifiant flottant de "goutter" deux fois de suite pour confirmer sa présence.


Au fonde de lui, le bizarre de cette démarche l'interpellait mais pas au point de l'en empêcher. Car, il fallait être curieusement fou pour s'adresser au signe d'une présence invisible. Il se dit qu'il devait être fou.


Et puis après tout, qu'était-ce que la folie ? Un état glissant entre réel et imaginaire, un monde dans lequel toutes les logiques avaient prises pourvu qu'elles se conforment aux exigences d'une raison impérieusement folle ? Dans ce cas, le monde n'était-il pas fou ? Et le cas échéant, n'était-il pas fou de penser être raisonnable dans un monde de fou ? N'était il pas libre de choisir son être au monde ?


Ploc ... Ploc...

 

Le signe n'attendit pas les réponses aux questions hautement philosophiques qu'il se posait. Il venait de parler, sans sourciller, imposant le plus grand silence, celui de la pensée.

Son corps voulut prendre la parole. En frissonnant d'abord, puis en tremblant lassaint poindre spasmes et sueurs froides. Mais aussi soudainenement que ce sentiment de terreur était apparu, il disparu dans le vacarme incessant d'une musique tambourinée provenant de nulle part.

Le rythme était exécuté à une cadence incroyablement rapide, avec une constance et une précision trop parfaite pour être humaine, songea-t-il. Cet appel amical à entrer en guerre avec ses sensations le plongea dans un état comateux dans lequel il déposa les armes pour s'endormir.



 

Entrance

 


 

 

Sois le bienvenue dans le chaos, toi qui a brisé le miroir et abandonné l' espérance de te revoir.


Regardes autour de toi et vois. Puisque le jour embrasse la nuit, dis moi où est passé la lumière froide de l'astre sans vie.


Toi qui a plongé dans le gouffre sans fond, la bouche du dieu est-elle si terrible qu'on le dit ? Reviendras tu du monde souterrain ? Que pensais-tu trouver en t'y jetant l'air de rien ?


On dit que tu voulais mourrir, retourner dans le ventre chaud, mais on ne quitte pas sa mère en la pénétrant. De même qu'on ne tue son père en se sacrifiant.


Sois le bienvenue dans mon antre, toi qui a cru mourir en plongeant dans l'oeil. As-tu réussi à fuir les millers de démons qui te dévoraient ou sont-ils toujours dans ton corps prisonniers ?


On dit que tu as souffert le martyr tout au long de ta vie, que tu étais un clown, un poète maudit.


Tu as fuis dans le monde chtonien, vierge de tout affre. Tu as oublié ton destin, comme le serpent sa mue. Tu t'es changé en dieux invisible et nu.

Sois le bienvenue sous terre, toi voulait saisir le mystère du monde. Sondeur d'abyme défroqué, ta vieille âme d'enfant est la clef de la porte vers les cieux infernaux.


Que ta prière soit exhaucée ! Ton coeur gisant s'ouvrira, comme on écrit un livre.

Pitékandela !

Pitékandéla !

Pitékandéla !


 


 

El susto


 



 

 

C'est Juan qui le mis sur la piste un jour qu'il les avaient reçu chez lui dans sa clinique, près de la "couleuvre verte". Juan avait entamé la discussion sur les esprits, la possession, et toutes ces choses étranges qu'il lui arrivait de rencontrer en tant que guérisseur.


Ce jour là, il compris que ce qui lui arrivait sortait de l'ordinaire, que tout cela était étrange. Etrange comme quelque chose que l'on découvre mais que l'on connaît déjà, une sorte de réminiscence au sens que Platon a donné ce mot.

 

Quelle était la nature de cette connaissance qu'il redécouvrait ? Voilà une question à laquelle il ne pouvait répondre. Tout se résumait à des impressions. Des sentiments fugaces et éphèmères qui ne manquait pas de le désorienter.

 

Seulement là, c'était différent. Pour la première fois quelqu'un mit un mot sur ce qu'il vivait. Ce quelqu'un n'était pas n'importe qui, ne vivait pas n'importe où et ne disait pas n'importe quoi.


C'était un chaman maya, un men, plutôt matérialiste comme il le reconnaissait lui-même puisqu'il soignait surtout avec les plantes mais... mais pas seulement.


Ce jour là, sans qu'il ne lui demanda rien, Juan parla d'un phénomène qu'il avait ressenti trés vivement depuis son arrivée chez les mayas. Un phénomène qui se passait chaque nuit au moment de s'endormir.


Au fond de son hamac, bercé dans la tièdeur des nuit tropicales, tandis que son âme était sur le point de vagabonder loin de son corps, quelque chose le saisissait brutalement. Sans violence mais avec force. Il se sentait comme arraché par une puissance invisible qui l'aurait fait tomber vers le haut.


Avant que Juan n'en parle, il pensait que c'était ses rêves ou alors le fait de dormir dans un hamac, ce qui était nouveaau pour lui. Mais ce jour là, il compris que puisque Juan en parlait sans qu'il n'ait rien demander à ce sujet, il comprit que c'était plus qu'un "trouble neurologique" ou quelque chose de ce genre.


Pour Juan, il n' y avait pas l'ombre d'un doute, c'était le susto, le signe que l'on est possédé.

 


Break on through to the other side


 

En passant devant le miroir, il découvrit l'inconnu qu'il était devenu pour lui-même. Il tenta de rassembler les fragments brisés de sa mémoire. En vain. 


Tout ce qu'il était capable de percevoir, c'était un étranger. Un étrange étranger, car même son visage lui semblait nouveau.


Comment cela été-t-il possible ? Qu'est-ce qui avait pu provoquer cette amnèsie ? Etait-elle apparue soudainement, ou progressivement à la suite d'une maladie ?


Le visage qui le contemplait était celui d'un homme encore jeune, d'environ une trentaine d'année. De longs cheveux bouclés, une barbe épaisse, et un regard trés curieux. Ses yeux, bien que cernés de fatigue, brillaient de l'éclat noir de la mydriase.


Ses pupilles dilattées lui donnaient un air à la fois profond et enfantin. Cette nouvelle étrangeté l'amusa. Il découvrit alors le reflet de son sourrire pour la première fois.

 

Puis son regard, toujours rivé sur le reflet, glissa du visage au décor. Il échoua sur l'armoir ouverte derrière lui. Elle n'était pas remplie de vêtements mais de livres.

Pris dans le piège de la réflexion, il resta un bon moment à contempler l'image sans focaliser son attention sur aucun détail. Il voulait rester dans ce flou bigarré, bazar amical et accueillant, patchwork de sensations renfermant des bribes d'histoires encore secrètes, peut-être des morceaux de son passé oublié.

Alors qu'il venait d'oublier de se souvenir, la poignée de la porte se baissa, et une lumière envahit la chambre dans un long grincement qui semblait vouloir dire...


 


                                                 Suis moi

 


      -Tu connais des histoires de cavernes ?

Don Cornélio souleva sa vieille casquette de baseball, celle qu'il mettait pour aller dans la milpa, et se gratta la tête, avant de faire une moue et de répondre "non"en remuant la tête.

Puis il regarda ses pieds, se frotta le menton de la main droite, et repris :

- " Si, je me souviens d'une histoire que me racontait mon père. Il y avait un campesino qui travaillait dans sa milpa et qui n'était pas content parce qu'il ne pleuvait pas. Mais sa milpa n'était pas une vraie milpa. En fait, c'était un kaan che."

- " Un serpent de bois ?"

- "Non, une structure en bois un peu comme celle la".

Il fit un geste du doigt pour montrer une sorte de petit jardin hors sol, où il faisait pousser des herbes aromatiques et quelques fleurs, construite à l'aide de bouts de bois et de ficelles. La structure avait un côté rustique mais le bois était ingénieusement disposé, de manière à ce que la terre ne tombe pas entre les morceaux.

- " Un jour, il s'est rendu devant son jardin. Et comme la pluie n'était toujours pas tombée, il se prit de colère et pris à partie les dieux. Il hurla des insultes, puis désespéré, rentra chez lui. Le lendemain, il retourna voir ses plantations. Rien n'avait changé mais  il eut la surprise de découvrir un homme, coiffé d'un chapeau de paille, à la peaux blanche, aux cheveux blancs, et habillé tout en blanc. Le paysan lui demanda ce qu'il faisait ici, qu'il n'était pas chez lui et qu'il devait partir. L'homme au chapeau releva la tête et lui dit tu veux bien qu'il pleuve n'est-ce pas ? Stupéfait le campesino acquiessa.

"Suis-moi" lui lança l'homme mystérieux. Aussitôt dit, il partit d'un pas rapide et léger, on eut dit qu'il ne faisait qu'effleurer le sol comme s'il volait. Le campesino lui enfila le pas tant bien que mal. Au bout d'un moment, ils entrèrent dans une grotte.

Le campesino avait l'impression d'avoir marcher une éternité lorsqu' il se rendit compte qu'il n'était plus dans une grotte mais dans un village où l'attendaient des hommes qui mangeaient tout un tas de bonne choses que notre paysan n'avait plus eu l'occasion de goûter depuis bien longtemps.

Les villageois dans leur grande bonté le convièrent généreusement à partager leur repas. Après qu'il eut goûté à ces mets délicieux ainsi qu'à la plus douce des eaux, l'un des villageois demanda au paysan ce qui l'amenait ici.

 

Celui-ci expliqua qu'il n'avait pas plus depuis si longtemps que ses plantations étaient misérables et que lui et sa famille souffrait atrocement de la faim.

Sur ces mots, l'homme en blanc amena un "tsimin".

- Un cheval ?

- Puede ser, quièn sabe. Il lui présenta le "cheval" et lui donna une calebasse emplie d'eau douce. Puis il lui dit " chevauche ce tsimin, prends la calebasse, parcours les cieux, et quand tu trouveras tes plantations, arrose les à l'aide de la gourde.

Le paysan partit aussitôt à travers les airs sur cette étrange monture qu'il avait bien du mal à tenir. Lorsque enfin il fût au dessus de sa milpa, il versa la gourde sur ses plantations. Mais les "ventcêtres" soufflaient, tantôt à gauche, tantôt à droite. Si bien que le paysan versa l'intégralité de sa gourde sans arroser sa milpa. Déçu, il s'en retourna aux villages mystérieux, afin de demander aux villageois une autre gourde mais à son arrivée, ceux-ci s’esclaffèrent, ils se moquèrent de lui : « alors tu vois que notre travail, celui des dieux, n’est pas si facile ! La prochaine fois tâche de nous remercier comme il se doit au lieu de nous insulter et de ne nous déshonorer à ne pas croire en nous. »

Don Cornelio, me regarda, souriant, il hocha la tête de gauche à droite, et reprit.

"- Ce qu'a fait cet homme, ce n'est pas bien. Il ne faut jamais insulter les dieux." Il ponctua cette sentence par un mouvement de tête, de haut bas, en écarquillant les yeux.

 

Emu par cette histoire, je saluais mon hôte, lui souhaitant la buena noche, et les rêves qui portent conseil.

 

 


                                              Les volets


On a coutume de croire que ce que l'on voit. Nos sens ne nous trompent pas, comme disait le philosophe allemand Emanuel Kant, non pas parce que leurs jugements sont toujours exacts, mais parce qu'ils ne jugent pas du tout. Vous est-il déjà arrivé de voir une chose qui n'était pas là ?


Moi, ça m'arrive absolument tous les jours. C'est trés curieux voyez-vous, cela m'arrive presque tout le temps mais lorsque cela se produit, il me suffit de vérifier que ce que j'ai cru voir est ou n'est pas là, et puis ça passe.J'oublie cette chose que j'ai cru voir. Par exemple, l'autre jour, je me suis rendu dans mon atelier. Autrefois, c'était une étable. Il y a encore le mangeoir des bêtes.

 

C'est un véritable bazarre. C'est simple, il y en a partout. Des vieilles jarres, des sabots, des fils, des câbles, et puis des boîtes, des vieilles boîtes de médicaments, de "yabon banania", et même, dans certaines boîtes il y a encore des boîtes... Les anciens propriétaires les ont entassées là, emboitées les unes dans les autres, je me demande bien pourquoi ils conservaient tout ainsi.

 

Avant d'acheter cette maison, mon voisin a récupéré deux vieilles photos que les héritiers lui ont aimablement offert. Il a fait cela de peur qu'ils ne les brûlent. C'est vrai qu'ils ont brûlé beaucoup de choses avant de vendre cette maison. Alors quand nous nous sommes installés, mon voisin est venu me voir. Il m'a dit "jai un cadeau pour toi". J'adore les surprises. Il m'a tendu ces deux vieilles photos. Sur l'une d'elle, on peut voir une vieille femme en sabots qui sourie, juste devant l'étable, on peut voir derrière elle la vieille échelle en chêne qui est toujours là, dans ma grange. A ses pieds, il y a le chien de la maison. Un beau petit chien, sûrement un bâtard, j'ai l'impression de le connaître. Dans mon enfance, dans le village d'à côté, il y avait un chien comme celui-là. Il était toujours couvert de tiques et de puces car il passait son temps à chasser. Lorsqu'il ne dormait pas biensûr.


La petite dame sur la photo, on dirait qu'elle nous dit quelque chose. Un truc comme "Salut les jeunes". Elle hausse les épaules et se marre. Elle est vieille. Je ne sais pas qu'elle âge elle a, mais elle aussi j'ai l'impression de la connaître.

 

Un ancien du village m'a dit qu'on l'appelait la taupe. C'est vrai qu'elle un peu les yeux de taupe. ils sont ouverts en deux petites fentes. Elle a les yeux qui rigolent on dirait. Elle est là, appuyée sur sa canne. Et je suis sûr qu'elle est contente que ce soit nous qui habitions là. 

Je ne crois pas aux fantômes mais... l'autre jour, et chaque fois que je suis dans mon atelier, je sens sa présence. Des fois, je la vois. Comme un éclair. Je suis en train de chercher quelque chose dans tout ce bazar, comme d'habitude je ne trouve pas, et là, à côté de moi, il y a quelqu'un qui me regarde faire et qui semble dire "regarde cette boîte !". Alors je tourne la tête, mais il n' y a que moi. 

 

Aujourd'hui, par exemple, alors que je vous raconte cette histoire, mes deux volets se sont refermés l'un après l'autre. Pas complètement, juste assez pour laisser passer un filet de lumière, comme si quelqu'un les avaient poussés volontairement. Comme si la taupe n'avait pas besoin de trop de lumière pour voir. Vous voyez ce que je veux dire ?

 

Moi, j'ai les larmes au bord des yeux. Je suis heureux, plein de quelque chose d'invisible, d'indicible, d'imperceptible, il ne m'est rien arrivé de spécial et pourtant je me sents plein. 

 

J'avais égaré cette photo, mais je suis tomber dessus en cherchant un livre sur de vieux mythes grecs. Je l'avais glissé à la page de l'histoire de Dédale, l'architecte du labyrinthe.

 

 

La taupe


 


                                          Les deux bouches

 


Il entra dans la grotte par un trou qui dessinait une ouverture dans le sol. Ses trois compagnons lui filèrent le pas. Ils firent une halte dans ce qui n'était qu'une première cavité, une sorte de rez de chaussée avant un autre trou qui  lui donnait sur une vaste salle, environ trois mètres en contre bas.

Plus bas, on y voyait rien. Un vieux tronc d'arbre lisse était posé en guise d'échelle, en équilibre précaire, pour descendre vers cette salle obscure. Il alluma sa lampe frontale, et vérifia que son appareil photo était convenablement rangé dans son étui à bandoulière. Lorsqu'il s'apprêta à glisser le long du tronc. Il aperçut une de ces étranges araignées qu'il avait déjà rencontré dans ses toilettes.

Elles avaient deux particularités. Elles étaient dotées de deux grandes pattes avant, ce qui leur conféraient une sensibilité hors du commun et une trés grande vitesse de réaction. Jusque là il n'était parvenu à en écraser aucune. Leur seconde particularité étaient de provoquer de violentes douleurs en cas de piqûre.

Cette vision eut un effet refroidissant sur sa volonté d'excursion. La paroie rocheuse étant particulièrement humide et glissante, il fallait introduire ses mains dans des cavités pour se glisser de la manière la plus sûre. Il hésita à aller plus loin. Alors deux de ses compagnons passèrent devant lui pour lui montrer la voie à suivre. Tienes miedo Bénito ?

Oui, il avait peur.Il n'était pas terrorisé, mais le tronc qui était posé là ne lui semblait pas être le moyen le plus sûr pour glisser jusqu'au sol. Au sol, on pouvait distinguer de gros blocs de pierres. Il était donc impossible de sauter. Au moment de descendre à son tour, il aperçut une vieille échelle, placé juste à côté du tronc. Il voulut y mettre un pied, mais le barreau céda sous son poids. Il se rattrapa de justesse au vieux tronc, repris son souffle. Ces deux autres guides qui l'attendaient plus bas lui indiquèrent où poser les pieds. Don Giovanni n'eut aucun problème pour descendre.

Une fois ces quatres curieux réunis leur premier geste fût d'observer la salle. Elle était plus grande que ce qui semblait au premier abord. La lumière qui venait d'en haut permettait de voir assez convenablement l'ensemble de la pièce. Au sol, il remarqua  que des fils de hamacs tendus partaient tous dans la même direction, et témoignaient du fait qu'ils n'étaient pas le premiers à s'aventurer ici. Ce détail lui rappela quelque chose, mais il ne savait pas encore quoi exactement.

Au plafond, on pouvait voir d'énormes stalactites, dont certaines avaient été taillées. Un tunnel obscur partait sur la gauche. Un autre, tout aussi obscur partait sur la droite. Les fils suivaient  cette direction. 

 


 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 13:27

3

Voilà plus de trois semaines que la pluie tombe. Le morale des troupes est à l'eau.

 

Un radis a tenté de chanter un hymne en l'honneur du soleil mais rien n'y fait. Or, seule la venue du grand astre pourrait mettre un terme à la progression continue des hardes d'escargots, lesquelles sévissent sans distinction sur toutes les nouvelles pousses.

 

Les radis sauront-ils redresser la barre et retrouver le chemin de la croissance ?

 

Le président sortant des navets lance un pavé dans la marre, et déclare qu'en cette période de crise, il est absurde d'espérer une relance de la croissance, les radis doivent accepter l'idée d'une cure d'austérité solaire.

 

 

Mais les radis, portés par l'espoir du renouveau d'un front des radis, tiennent à faire valoir qu'ils préférent encore manger les pissenlits par la racine plutôt que de renoncer à l'énergie solaire !

 

Sauront-ils tenir la dragée haute face au capitaine du pédalo ?

 

Réponse au prochain épisode de radisophie.

Partager cet article
Repost0
18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 14:33

2

Alors que les salades tombent une à une, en proie à un mal mystérieux sévissant par la racine, la bave de l'escargot n'atteind pas le blanc radis.

 

Les taupes produisent de curieux cumulus, et sèment le désordre aux sein des raies de toutes sortes. Le jardinier a fait la promesse de sauver ses troupes quoiqu'il en coûte.

 

Les radis résisteront-ils à ce terrible assaut, sachant que les patates frappées de gel tardif ne pourront leur venir en aide ?

 

Réponse au prochain épisode de radisophie.

 

Partager cet article
Repost0
16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 12:41

1

Le premier jour du radis

 

Le radis entame son journal de jardin. La lune est montante. L'herbe verte. La terre humide. De nombreux escargots blancs s'approchent dangereusement de ses plates bandes. Le radis saura-t-il se défendre contre ses dangereux prédateurs ?

 

Réponse dans le prochain numéro de radisophie.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 20:54

Le corps du faucon

 

Un cri strident plonge la vallée dans un silence de mort. Son écho cavale le long des gorges abruptes sans qu’aucun obstacle n’arrête sa course. Mon corps a cessé la sienne. Suis-je mort ? L’air s’offre en appui à deux fines ailes qui se déploient, battant et rebattant inlassablement le ciel infini. Je vole.

Réalisant cela, je m’élève instantanément d’une dizaine de pieds. Pris de panique, je me fige. Etrangement au lieu de tomber, je suis suspendu, comme pris entre deux forces contraires. Mon corps en croix se suspend sans effort dans le vide. Je sens que mon équilibre repose sur la pression simultanée de deux forces émanant d’une matière invisible, l’air.

On appelle cela faire le Saint Esprit.

Voilà que ça recommence, j’entends à nouveau cette voix. Elle va finir par me rendre fou.

Saches, misérable insolent, que tu l’as toujours été. Accepte ton sort, c’est le prix de la liberté. Ma voix est la seule à pouvoir te conduire sans effort au travers du labyrinthe.

J’ignore qui vous êtes, mai je n’ai besoin d’aucun guide.

Tu n’es qu’un ignorant et un présomptueux, comme tous les ignorants. Sais-tu seulement à qui tu parles ?

A celui qui hante mon âme depuis l’éternité !

Bien. D’aucuns ont coutume de m’appeler conscience.

C’est impossible. Je ne peux être autre que ce que je suis.

C’est vrai. Mais, qui es-tu au juste ?

Je suis… Je suis l’oiseau, l’oiseau qui fond sur sa proie, le guetteur des espaces infinis, le chasseur à la patience inaltérable.

Je suis celui dont l’œil vif saisit le moindre mouvement. Je suis celui qui fait de son corps la partie d’un autre. Je suis celui qui est un paysage que l’on ne voit pas.

Les arbres sont mes frères, le ciel ma demeure, le soleil mon père, la vipère mon quatre heure. Je n’ai pas d’ennemi car tous me redoutent. Je n’ai pas d’ami pour la même raison sans doute.

Je balaie l’horizon dans ses moindres recoins. Aucuns êtres rampants n’échappent à mes bons soins. Je ne connais ni ennui, ni peur, ni envie, ni fureur. Je me contente d’être ce que je suis, et …

Suffit ! Tu ne pourras plus te contenter d’être désormais. Un long périple t’attend. J’ignore ce qu’ils ont en tête, mais ils t’ont choisi.

Qui ça « ils »? Quel périple ? Et pourquoi serait-il long ? Ont-ils oublié que vivre est déjà un long périple ? Laissez moi en paix. Partez ! Dites leur que je n’ai jamais eu d’autre quête que ma chasse, et que je n’en veux d’autre.

Sur ces mots, alors que je décide en silence de fuir cet invisible compagnon d’infortune, j’aperçois un cavalier. L’arbalète armée, il décoche son trait sans hésitation. Le choc violent m’arrache un hurlement. Tandis que ma conscience s’embrume, j’aperçois mon corps chuter, impotent sur le sol.

Je m’ébats pitoyablement, prisonnier de la terre, affolé par des bruits de pas qui se rapprochent. Un homme casqué au sourire édenté s’avance vers moi. Une lame d’acier s’enfonce froidement à la base de mon cou. Mes yeux se ferment. Mon bec s’ouvre laissant perler un filet de sang le long de ma langue rose. Mon dernier cri est muet.

Aucun être n’échappe à son destin, alors passe…

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 20:46

La ruine

 

J’ai Mille ans. De quoi laisser des traces. Des plaies béantes que le temps ne refermera pas. Il me manque des pierres par endroit. Les voleurs ? Je ne leur en veux pas. Après tout, ceux sont eux qui m’ont fait naître. Moi, Je n’étais qu’un rocher, juste un peu plus gros que les autres. J’avais déjà la chance de dominer la vallée, et de contempler le flot incessant de la rivière, depuis mon impénétrable silence de pierre. Quand, par un matin d’automne, des nains, sortis tout droit des entrailles de la terre, s’acharnèrent à m’entailler. Ils prélevèrent en moi ce dont ils avaient besoin pour bâtir leur repère. Il fallait être fou pour oser l’élever, à l’endroit où je reposais : Sur mon dos. Personne ne s’en souvient,  pourtant, c’est ainsi que de caillou, je devins château. Mon histoire, comme toutes les histoires de pierres, appartient à ceux, et seulement à ceux, qui écoutent chanter le monde, avec leurs yeux…


Aujourd’hui, un jeune homme est venu me visiter. Seul. C’est étrange. D’habitude, il vient me voir avec un ami. Une femme la plupart du temps. Jamais la même. Cette fois, son cœur est triste. Quelque chose lui fait mal. Peut être qu’elle la quittée. Je sais ce que c’est. Moi non plus je n’avais rien demandé. J’étais même heureux qu’ils me donnent vie et sens. Puis un jour d’hiver, ils sont partis ailleurs, me laissant seul, vide, plein de mes souvenirs. Mais à présent je m’en moque. Les rires gras des nuits d’ivresses me plaisent moins que le chant des oiseaux. Ils sont nombreux à venir se loger entre mes pierres. Quand ça me gratte, à coups de becs, ils me débarrassent de ces milliers d’insectes qui me chatouillent de leurs petites pattes. Le jeune homme observe leur vol avec attention. Il chante avec eux, et prie pour que lui pousse des ailes. Ses yeux brillent avec l’éclat du soleil. J’aime quand il les pose sur mes parois, et les parcourt de son regard inquisiteur et muet. J’aime qu’il me réclame les mystères de mon passé. Alors mes pierres s’embrasent. Je lui parle. Je lui parle comme les hommes parlent aux femmes lorsqu’ils veulent obtenir leur faveur. Soudain il prend un air inquiet, comme si mes murs étaient trop opaques, pour que ses yeux percent mon secret. Mais moi, je sais. Je sais qu’il trouvera en lui la force de les réanimer. Depuis quelques instants, sa pensée a sombré dans le gouffre. Deux rivières de diamants scintillent le long de ses joues violettes battues par le vent. Aucune idée ne l’apaise, sinon celle de la mort. Son âme deviendrait elle celle d’un guerrier ? S’il est sage, je peux lui parler.


Qu’attends-tu pour sauter pauvre diable ? Oublie ta peur de tomber. Affronte le vide, et je t’offrirai mon passé : Le voyage dans les bouches de pierres.  Mais réfléchis bien avant de te jeter, sauras tu être assez fort pour oser le savoir ? Ou as-tu encore trop peur de ce que disent les ombres ?

 

Je suis l’ombre.

 

Alors vole mon histoire.

 

Le voilà qui vacille. Il répond aux pierres qui lui parlent. Tout son être respire la folie. L’espace devient un livre, où sa conscience s’efface, pour laisser parler le monde. Une voix grave qui raisonne. Une voix lourde comme un marteau, retentissant contre l’enclume. Il s’empoigne la tête, titube au bord de la falaise, recule, et dans un hurlement tremblant, se précipite dans le vide. Son cœur bat à s’en rompre. Plus rien ne l’arrêtera dans sa chute. Le malheureux court à sa perte. Et à moins qu’il ait le cœur pur, rien ne le sauvera. La tête en avant, son monde s’étale en vers…


         Je vous rassure, je suis là, qui regarde, depuis ma gueule de lave, j’exauce sa prière en lui retirant le lourd poids d’une existence légère. Des plumes lui poussent sur les bras, ses jambes se rétractent pour laisser place à deux pattes armées chacune de trois serres. Ses yeux s’emplissent de noir, et glissent de chaque côté de son visage, où un bec dur et finement courbé a chassé son morveux nez mou. Désormais il a…

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 19:31

Au bout de la nuit


Il recracha la fumée en direction de l’écran, par le nez, tel un dragon. Sa cigarette roulée l’attendait dans le cendar pendant qu’il cherchait l’inspiration qui lui dicterait que faire, que dire. Il écrivit deux phrases, puis vint le blanc qui ne l’est pas. La cigarette attendait depuis trop longtemps, au moins deux minutes. Alors, sans quitter le clavier des yeux, sa main droite s’absenta, le temps de plonger vers le jakousi de cendres grises.


Eteinte. Froide et mouillée. Il ralluma le vestige de clope. Sa prose se fit silencieuse. Un voile crapoté de fumée blanchâtre. Une inspiration profonde. Le goût du goudron. Soupir. Et finalement, la brûlure du bout des doigts, le signe qui dit que la roulée devait s’en retourner dans son jakousi, où elle s’écrasa gaiement tête la première.


Tandis qu’elle la fermait dans un dernier crépitement inaudible, les tapotements repartirent sur le clavier. Ils chantèrent le blanc qui ne l’était pas. Ils parlèrent pour ne rien dire. Ils parlèrent pour dire qu’il ne parlait que pour ne rien dire.


Il était 23 heures 23 minutes. C’était un signe. Quelque chose de grand était sur le point de survenir quelque part pour quelqu’un où il n’était pas encore 23 heures, ou où il n’était déjà plus 23 heures. Le temps n’était déjà plus le même qu’à l’instant où il avait cessait d’avancer à 23 heures 23.


A 23 heures 27, il semblait que seulement quelques tapotements étaient passés. Et d’ailleurs seulement quelques tapotements étaient passés, mais en tapotements le temps parut moins dense qu’en seconde. En tapotements, le temps joua les filles de l’air. Le temps fila vers l’écran. Il retrouva sa condition de fumée, celle qui avait fait écran sur le blanc qui ne l’était pas.


A 23 heures 30, le temps venait de se retrouver tel qu’il avait été un instant qu’il n’était déjà plus. Las, le désir d’abandonner le temps se fit tapotis. Tip tap tip tap. Tip tip tip. Le chant voulut s’écrire puis se lut et cessa de se dire, honteux qu’il était devant cette volonté trahie par des signes sans musique. Le chant devint discours d’un chant qui ne sait dire le chant qu’en le trahissant. Plein de lui-même, le discours se fit une joie de se poursuivre bien qu’il ignora tout d’où il allait.


Alphonse se joua de cet air là. Un sourire moqueur du tapoteur déchira la quiétude feinte de son visage. L’instant suivant, le sourcil du tapoteur se dressa : quelqu’un comprendrait-il seulement ce qu’il venait de faire, ce qu’il fit et pourquoi il le fit.

Dieu seul savait.


Quoi ! Qui était Dieu ? Qu’est-ce que signifiaient ces 4 lettres ? Que venaient-elles faire là ? Peut-être était-cela que les 23 heures 23 venaient à l’instant d’annoncer : l’arrivée de Dieu entre deux blancs !

Le tapoteur eut soif de vin sans qu’il sache exactement pourquoi. L’envie de communier sans doute. De faire corps avec l’esprit. Le grand, le pure, le saint Esprit. Mais il venait de le faire pourtant, et sans alcool. Mais pouvait-on communier sans alcool ? Assurément non. Mais alors, s’il ne venait pas de communier, que venait-il de faire dans ce cas ?


Une expérience ? Non, un semblant d’expérience. L’expérience de donner à entendre une expérience : l’expérience de donner à entendre une expérience qui ne se donne pas à entendre. Mieux : dire ce qui ne se disait pas, disait-il.


Mais que venait-il de dire alors ? Le tapoteur se gratta la tête. Tapoter ne servait vraiment à rien.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 19:28

Balam

 

A mille lieues sous nos pieds,

Où jamais personne ne va,

L’éléphant allonge son pied

Ecrase le ventre de Gaïa

 

Dans les tréfonds secrets

De mystérieux entrelacs

Il se prépare à déjeuner

L’humanité, son repas.

 

A mille lieues sous nos pieds,

Où le regard ne porte pas,

Un mal silencieux, muet,

Inexorable, tend son bras.

 

Dans le mystère d’un gouffre

Son ombre s’ étend sur Terre,

Afin que chacun souffre,

Goûte à la peau de panthère

 

A mille lieues sous nos pieds,

Où jamais plus personne n’ira

Une bête puante nous susurre

Son air de mort :

Fuuuuuuuukuuuuuuushiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

 

 

Partager cet article
Repost0
15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 18:46

Prométhée moi

 

J’irai au bout de la nuit

Où les vivants ne marchent pas.

J’arracherais le soleil qui luit

Et lui déroberai son éclat

Je me rendrai sur la lune

Où le silence est roi

Et m’assiérai sur la dune

En regardant derrière moi

La planète bleu marine

Se changer doucement

En un grand tas de ruines

Silencieux et fumant

Je délivrerai l’homme

De sa bêtise sans nom

Et batirai mon royaume

En lettre bleu horizon

Je brûlerai mes notes

En recevant l’onction

Et écraserai d’une botte

Les sottes supplications

Oui, j’arracherai l’Esprit

A mon corps de papier

Et livrerai mon âme

Sur le feu du bûcher

Il n y aura plus rien à vendre

Il n’y aura plus rien à acheter

Mais un grand tas de cendre

Dans lequel je girai.

 

Au bout de la nuit, j’irai…

Partager cet article
Repost0